L’odeur de l’échappement du 2 temps se mêle à celle de la lavande. Devant moi, des champs à perte de vue. Cheveux au vent, guidon de 250 CR flambant neuf entre les mains, je jubile. Tous les initiés aux joies du moteur à explosion posé entre deux roues vous diront la même chose : le vrai sentiment de liberté, la définition même de ce mot matérialisée en activité humaine, c’est sans aucun doute au guidon d’une bécane, la poignée dans l’angle, avec comme seule arrivée la ligne d’horizon. Je retrouve les paysages qui ont bercé ma jeunesse : cet arbre où j’avais abandonné mon premier scooter volé, ce mur qui porte encore les traces de mes premiers graffitis, ce village victime de mes premiers cambriolages. A deux pas de la grisaille de la ville, cette campagne était ma première grande libération, et respirer son air frais me remplissait de bonheur.