Mon nom résonne dans la cellule, c’est le jour J. Accompagné par les cris et les applaudissements de mes codétenus, je traverse le long couloir une dernière fois. Plus que quelques formalités et je serai libre. Après avoir passé exactement 685 jours à l’ombre, je vais enfin respirer le grand air. Une tonne de paperasse plus tard, et après m’être fait sermonner par un surveillant que j’écoutais à peine, me voici seul, devant l’immense porte de la prison, prêt à affronter le monde libre. Est-ce que quelqu’un va venir me chercher ? Je ne le sais même pas. Mes pensées sont éclipsées par un nuage de fumée qui se dégage à l’horizon. Une ligne de basse sourde l’accompagne. Une centaine de mètres me séparent de la voiture, et je commence à distinguer deux visages familiers à son bord. Ils ne m’avaient pas oublié ces enfoirés. Pendant que le premier me serre dans ses bras, le deuxième me fourre ce qui semble être un champignon hallucinogène dans la bouche : “Il est temps de te libérer le cerveau mon pote”. Je sens que les prochains jours ne vont pas être de tout repos.